NOURRITURE ET JALOUSIE

Les enfants trop gros sont trop nombreux. certains disent qu’ils veulent maigrir , d’autres pas. Quel que soit le cas, on ne peut pas faire l’économie d’écouter l’enfant, car on ne met pas un enfant « au régime » sans risque, l’échec du régime n’étant pas le plus grave!

Tout enfant obèse a probablement vécu plus d’une fois cette scène quand il était nourrisson : Il pleure, sa mère pense qu’il a faim et elle à probablement raison, elle lui donne le sein ou le biberon, comme il n’arrête pas de pleurer, elle lui redonne à manger, encore et encore. Or, le plus souvent, le bébé ,’a plus faim de nourriture, il a faim de paroles. Si au lieu de donner un biberon supplémentaire, la mère lui parlait, il cesserait de pleurer, car il est déjà repu.

L’enfant avide de paroles et que l’on goinfre enregistre le fait que l’adulte trouve bien de remplacer la communication par la nourriture. Assez rapidement, il pourra se goinfrer tout seul sans passer par la communication a minima qui consiste a indiquer qu’il a faim. L’enfant obéit a l’injonction muette  » mange et tais-toi » ce qui est assez violent.

Au moment où l’enfant doit suivre un régime, il subit l’injonction inverse « ne mange pas, parlons de nourriture » à un âge où l’on n’est plus dépendant du bon vouloir de l’adulte pour se nourrir.

Le comportement alimentaire est certainement l’un des plus complexes qui soit !

La zone orale peut alternativement être stimulée et apaisée, raison pour laquelle les psychanalystes parlent de « zone érogène » Elle peut aussi être pervertie

La nourriture est la métaphore de ce qui fait vivre, et la personne qui la donne est le premier objet d’amour de l’enfant. Mais cet objet d’amour veut aussi aimer et se faire aimer. La nourriture est indispensable pour assurer la survie, mais pour vivre, il faut y ajouter des paroles.

Ne dit on pas que » tout ce qui nous fait vivre nous nourrit « 

Pour parfaire le tout, la nourriture passe par le même orifice d’où sort le langage, ce qui peut être une source de confusion, très facile à observer chez les bébés: un nourrisson qui écoute ouvre légèrement la bouche et met sa langue en creux. Un nourrisson qui vomit veut dire quelque chose qu point d’être capable d’inverser le sens de son tractus digestif. Le carrefour Laryngopharyngien est le lieu ou se situent les pulsions réceptrices que sont le désir de recevoir l’odeur et la nourriture  du parent mère ou père et le pulsions émettrices par lesquelles il peut communiquer avec ce même parent en babillant ou en pleurant .

Ne dit-on pas que la jalousie a des dents, qu’elle mort, qu’elle déchire, dévore ? Les festins et les fêtes ou le vin lève les inhibitions ne sont-ils pas les lieux privilégiées où éclatent les crisent de jalousie ? Encore faut-il qu’il y ai des repas de famille, voire des repas tout court.

Les jaloux n’ont ni un comportement alimentaire ni un habitus spécifique, car il s’agit d’une réaction. Qu’est qu’un Jaloux ? Selon Denis Vasse, psychanalyste, le jaloux est tourmenté par une avidité qui va de pair avec l’impossibilité de partager ce qui fait vivre, le souffle de la vie aussi bien que la nourriture ou le sang avec un autre: ce que l’autre prend, lui manque, ce qu’il fait est contre lui, ce qu’il aime, il le convoite, ce qu’il sait, il le dénigre.

Son discours et son attitude sont toujours réactionnels, mais une réaction n’est pas une réponse.

Les sources de la jalousies sont familiales. Elle entraine des réactions de souffrance lorsqu’elle n’est reconnue ni dans son universalité ni dans sa particularité. Quand on parle a un enfant de sa jalousie, c’est souvent pour s’en moquer, le critiquer ou le dénigrer, alors qu’il n’est ni bien ni mal d’être jaloux. C’est même une expérience structurante quand on peut la dépasser – mais on y arrive pas tout seul.

Le discours social et médical sur l’excès de poids est fait pour raviver les affres de la jalousie et aussi celles de l’envie. L’envie est le sentiment de colère qu’éprouve un sujet quand il craint qu’un autre ne possède quelque chose de désirable et n’en jouisse !

La jalousie est le sentiment d être privé de la personne (objet) aimée par quelqu’un d’autre, l’avidité est un désir impérieux insatiable, qui va au-delà de ce dont le sujet a besoin et au-delà de ce que l’objet peut ou veut lui accorder.

L’idéal de minceur touche autant les adultes que les enfants, les garçons et les filles. Au cours de notre développement, nous passons tous nécessairement par une phase d’identification (vouloir être comme) qui sommes toute devrait être assez transitoire. En effet pour devenir soi même, il est préférable de renoncer assez tôt à vouloir être un autre ! Pourtant il semble plus facile de renoncer à s’identifier psychiquement à quelqu’un que physiquement.

L’image étant devenue une valeur, nombre d’adultes veulent encore être physiquement comme quelqu’un qu’ils ne seront évidemment jamais!  Cela fait écho à une jalousie ou une envie jamais dépassée envers un frère, une sœur ou un parent.

Dans la réalité, il existe une inégalité fondamentale devant la prise de poids et entre les enfants d’une même fratrie. Celle-ci est liée à la différence d’age, à la différence de sexe, à leurs différence tout court, au moment et au condition de leur conception, à ce qu’il représentent pour chacun des parents.

Il existe des familles d’obèses (selon sont égaux devant la prise de poids) , mais en pratique, je vois plus souvent des familles ou un seul enfant (ou un enfant et un des deux parents) est amené a suivre un régime. Cette inégalité de régime (c’est le cas de le dire) est quasi insurmontable si elle est la partie visible de l’iceberg de l’inégalité non assumée, non parlée entre les enfants, source principale de leur jalousie.

Un enfant qui se gave ou qui est gavé est en danger : son corps le lui dit en devenant obèse et son psychisme souffre en silence !

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