L’ENFANT DE TROP!

BRUITS, ODEURS, ÉMOTIONS, EMPATHIE, PENSÉES… Mille et une façons d’être trop !

Pendant très longtemps, j’ai vécu dans une sorte de capharnaüm. Dans une bataille insensée avec moi-même et avec tout ce qui m’entourait. Ma vie était faite de pièces qui ne s’accordaient pas entre elles, sans rapport unes avec les autres. Le seul point commun, un bouillonnement intérieur.

Je rêvais d’être calme, posée, sereine, j’étais dans l’excès, l’hyper, dans le trop. Trop de sensations, trop d’émotions, trop d’idées qui fusaient sans aucun ordre particulier. Trop de pensées qui m’emmenaient là ou elles voulaient aller, et ne me laissaient jamais en repos, en paix.

J’ai passé mon enfance, mon adolescence à surréagir: aux vêtements qu’on me forçait à porter, aux voix fortes que j’entendais, au cris, au chaud, au froid, à la foule, aux blagues, aux petits gestes de tendresse qui m’amenaient les larmes aux yeux.

Je ne connaissais pas la tiédeur. Je passais du rire aux larmes, de l’enthousiasme au découragement, à travers toute une gamme de sensations d’agréables à désagréables. J’avais l’impression d’être différente des autres, qui paraissaient avoir une vie ressemblant à un long fleuve tranquille. La mie ne ressemblait à s’y méprendre à une succession de montagnes russes.

Je me passionnais pour ce qui ne les intéressait pas. Et mes passions regarder les nuages se transformer, dessins et lecture m’occupaient pendant des heures. En colonie de vacances ou mes parents m’envoyaient chaque été, je n’aimais pas jouer avec les autres. Seuls les loisirs créatifs m’amusaient. Courir, ou faire des jeux en équipe ne m’amusait pas.

Je me sentais à part, mais je trouvais toujours le moyen de m’attacher à un adulte, une monitrice…une grande personne, sur qui je déversais les brassées d’amour qui montaient en moi. Les autres avaient besoin de se défouler sur le terrain de jeux, moi j’avais besoin d’un vrai lien, mais comme toujours en excès. Quand je m’énervais, sur le mode trop, je chantais a qui voulais bien l’entendre tout ce que j’avais sur le cœur, avec l’impression d’être sur une scène de théâtre et de passer en un éclair de la tragédie la plus déchirante au romantisme le plus exacerbé.

Je m’en suis voulu de mes sautes d’humeur, de mes colères, de mes larmes, de mes excès, de mon impossibilité à être calme, raisonnable ….. ZEN

LE TROP, je l’ai trainé comme un boulet. J’étais de trop… Je l’ai entendu à toutes les sauces : trop sensible, trop émotive, trop affective, trop réactive, trop grosse, trop excessif. Plus tard au travail j’avais l’impression de ne jamais en faire assez.

Pourtant j’ai fait des efforts pour me couler dans le moule, de prendre du recul …de la distance comme on me le conseillait. De me limiter au factuel, à l’ordre, au froid, qui était pour moi une langue inconnue. J’avais fini par apprendre tous ces rudiments, tout en considérant que tout prendre à cœur, avec mes tripes et me laisser toucher était mon plus grand travers. En me détachant, il me semblait « trahir ».

A 28 ans, je m’enthousiasmais pour la psychologie sociale et la philosophie. Je suis passé par des expériences illogiques, je le sais, mais étais-je capable de logique ? Je connais des personnes admirables qui savent aller du point A au point Z sans dévier. Depuis petite, j’ai beaucoup de chose à dire, et pour les exprimer les chemins de traverse s’invitent à nourrir mes pensées.

Aujourd’hui encore, je me reconnais dans cette histoire. Je continue de penser avec mes intuitions, avec le sensitif qui se mélange à l’émotionnel et au cognitif. J’ai la capacité d’être bouleversée par un mot, une phrase que je lis. Ma raison et mon cœur sont intimement lié.

Pendant longtemps , ce fut lourd pour moi. J’étais anxieuse par quelque chose en moi qui m’était inconnu. Je ne savais jamais à l’avance comment je réagirais à un évènement d’apparence anodine, mais qui aurait le pouvoir de me porter, de m’énerver, de m’exalter, de me troubler. J’avais l’impression d’être un OVNI venu d’une autre planète.

Dans mon esprit, je ne peux imaginer qu’il y ai des choses moins importantes que d’autres, ou appartenant à un champ clos, dénué d’affects ou à l’inverse, dénué de raison. Tout implique pour moi de m’engager de tout mon être, le plus pleinement possible, sans laisser la moindre cellule à l’extérieur. Certains appellent cela l’hyper affectivité, c’est ma normalité.

Cette intensité à été parfois douloureuse et épuisante. Mais bien souvent, elle m’a portée dans une sorte de transcendance, m’a amenée à me dépasser, à toucher la vie en moi. A ressentir cette complétude, cette plénitude.  Il m’a fallu de longues années pour prendre conscience que ce trop sensible, émotionnel, cognitif, pouvait être une chance. Qu’il était même un don, un pot en ciel extraordinaire si je réussissais à le travailler.

CE QU’IL FAUT RETENIR

  • L’hypersensible est bousculer par le trop : Trop d’émotions, trop de pensées, trop de sensations, trop d’empathie, trop d’intensité dans sa vie, parfois à la limite du supportable. C’est le trop dans toutes ses facettes, qui ne sont pas identiques pour tous et n’ont pas les mêmes effets. Nous ne sommes pas égaux devant le trop.
  • Ce trop amène à surréagir de l’émerveillement au découragement, à des stimuli auxquels les autres ne prêtent pas forcement attention.
  • C’est parfois insupportable, mais bien souvent très exaltant. Car ce trop parfois dérange, perturbe, donne aussi de l’allant, de l’élan pour aller de l’avant. Il est le bonheur d’être vivant.

« Connais toi toi même, tu connaitras l’univers des dieux, écrivait Socrate »

 

 

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